Vivre les premiers jours, non pas d’une vie, mais d’une septième décennie…
Un 70 tonnes me passe sur le corps, un coup de massue me vrille le cerveau. Réaliser soudain que la vie est passée et si vite. Que s’est-il…? Comment… ? Pourquoi… ? Autant de questions sans réponse, mais qu’importe, finalement !
J’ai toujours aimé et respecté le mystère de ce monde, je ne le crains pas tant sa beauté est grande, même dans ses noirs replis ; pas besoin de religion, de dogme avilissant, le mystère me suffit et me protège d’une cape invisible.
Et puis une multitude de fantômes me tiennent compagnie. Ils surgissent à tour de rôle quand je ne m’y attends pas. Certains, sombres et menaçants que je n’hésite pas à chasser d’une expiration profonde, après les avoir auscultés et dépecés. D’autres, plus nombreux, surviennent frais et légers. Ils m’embrassent sur le front avant de s’éclipser de nouveau. Je sais qu’ils reviendront, me suivant comme une ombre mouvante suivant mon humeur. Tous ces fantômes sont mes souvenirs, tellement nombreux que l’on se croirait à la manif contre les retraites. Charles Baudelaire s’exclamait : « J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans ». Les miens n’ont pas le spleen ; calmes et motivés à la fois, ils se relaient dans mon esprit, me tenant la main pour vivre pleinement le présent comme je l’ai toujours fait.
Non, je ne suis pas seule, il n’y a pas de caveau, de granit, de morts, ni d’ennui, que des akènes de bonheur dansant au souffle de la vie.
©IdR-Fevrier 2023 – extrait de carnet